La sleeve gastrectomie est une intervention qui consiste à retirer une partie de l’estomac tout en conservant le trajet normal des aliments.
Pour pouvoir bénéficier d’une sleeve gastrectomie, il faut avoir les critères demandés par l’HAS : un IMC suffisant, avoir eu un suivi nutritionnel et psychologique et avoir réalisé tout le bilan nécessaire. Ceci est vrai pour toutes les interventions de chirurgie bariatrique.
Il faut couper tous les vaisseaux de la grande courbure gastrique, positionner dans l’estomac un tube qui va permettre de calibrer l’estomac à conserver puis en réséquer les 2/3. Il ne reste en fin d’intervention qu’une petite partie de l’antre gastrique et un corps gastrique tubulisé, du diamètre du tube de calibration.
Cette méthode associe un effet restrictif (diminution du volume de l’estomac) et un effet hormonal (diminution de la sécrétion d’hormone régulant la satiété entre autres).
1: pylore
2: estomac
3: foie
1: premier vaisseau gastrique
2: estomac
3: épiploon
4: foie
1: pylore
2: duodénum
3: estomac
1: grande courbure gastrique
2: épiploon
1: arrière cavité des épiploons, cavité en arrière de l’estomac
2: estomac
3: épiploon
1: libération de la grande courbure gastrique
2: face postérieure de l’estomac
1: pylore
2: fin de la libération de la grande courbure gastrique, à 5 cm du pylore
Poursuite de la libération vers le haut
1: rate
2: vaisseaux courts gastriques
3: partie haute de l’estomac
Libération de l’estomac terminée
1: rate
2: pilier gauche du diaphragme
3: jonction oeso-gastrique
1: mise en place du tube de calibration gastrique
1: positionnement du tube contre le pylore
1: tube dans l’estomac restant
2: estomac retiré
3: pince mécanique permettant de couper et agrafer l’estomac
1: estomac restant
2: ligne d’agrafe
Poursuite de la section gastrique jusqu’en haut
1: jonction oeso-gastrique
2: petite partie de l’estomac conservée à la partie haute du tube gastrique
1: estomac retiré
2: tube gastrique conservé
1: ligne d’agrafe facilement hémorragique
Réalisation d’une suture sur la ligne d’agrafe pour empêcher les saignements
1: extrémité du fil de suture
2: petit antre gastrique conservé
Vue de la plastie gastrique en fin d’intervention
On attend une PEP (perte d’excès de poids) de 70% avec cette opération.
Elle entraîne assez peu de carence mais nécessite habituellement une supplémentation au long court. Il est conseillé un apport en fer chez les femmes jeunes et en vitamine B12. Le risque de développer des carences augmente avec le temps ce qui oblige à un suivi nutritionnel prolongé avec dosages biologiques réguliers.
Le risque de complication post opératoire précoce est assez faible et le taux de mortalité post opératoire inférieur à 0,2%.
Les complications habituelles sont au nombre de trois :
1) Le risque hémorragique, du fait de la section des vaisseaux sanguins de l’estomac (pouvant re saigner) et de l’estomac (lui-même très richement vascularisé).
Ce risque est majoré par les injections d’anticoagulant en post opératoire.
L’utilisation d’instruments modernes d’électrocoagulation et d’agrafage minimise grandement ce risque. En cas d’hémorragie, il n’y a pas forcément de ré intervention et on peut être amené à transfuser le patient.
2) Le risque de fistule, survenant toujours sur la partie haute de la suture gastrique et parfois plus d’un mois après l’opération. Son risque est estimé à entre 1 et 2%. Sa survenue est sans doute due à une hyper pression dans la cavité gastrique et un lâchage sur une zone de faiblesse, expliquant sa localisation préférentielle et son apparition parfois tardive. Les symptômes classiques sont l’apparition d’une douleur du creux épigastrique ou de l’hypocondre gauche (sous les côtes) irradiant dans le dos ou l’épaule gauche, de la fièvre et des difficultés à s’alimenter.
Sa survenue nécessite habituellement une intervention chirurgicale pour drainer l’abcès puis la mise en place d’une prothèse ou de drains par voie endoscopique et un traitement antibiotique.
Des cas de fistule très tardives ou chroniques ont été décrits, leur traitement est complexe et nécessite une prise en charge multi-disciplinaire dans des centres spécialisés.
3) Le risque thrombo-embolique (phlébite et embolie pulmonaire), présent après toute intervention, majoré chez le patient obèse, est prévenu par l’utilisation de système de compression pneumatique intermittent des mollets pendant l’intervention, de bas de contention, d’une anti coagulation préventive et d’une mobilisation précoce des patients.
L’utilisation des anti-coagulants augmentent le risque d’hémorragie mais diminue le risque thrombo-embolique. Une embolie pulmonaire peut entraîner une mort subite, ce qui est rarement le cas d’une hémorragie, on préfère donc augmenter ce risque pour diminuer l’autre.
Le confort alimentaire post-opératoire précoce est souvent moyen, avec des blocages, remontées alimentaires… Une éducation diététique et un accompagnement nutritionnel sont fondamentaux pour les minimiser. Le confort alimentaire devient satisfaisant habituellement au bout de trois mois.
On observe dans plus de 30% des cas un reflux gastro-oesophagien nécessitant la prise prolongée d’un traitement anti acide par IPP (inhibiteurs de la pompe à proton). Il est normalement bien contrôlé par ce traitement et s’améliore avec l’amaigrissement.
Les cas de reflux invalidants sont rares, prévenus par une bonne évaluation pré opératoire : d’où l’importance du choix de l’intervention en RCP.
Le reflux post opératoire, lorsqu’il devient trop gênant, peut conduire parfois à proposer au patient une transformation de sa sleeve en by pass.
Enfin, les sociétés savantes recommandent maintenant la réalisation d’une fibroscopie gastrique entre 1 et 3 ans après une sleeve puis tous les 5 ans, pour rechercher de lésions de la muqueuse œsophagienne (endobrachy-oesophage) pouvant survenir du fait d’un reflux chronique. Ces lésions muqueuses peuvent avec le temps évoluer et possiblement se transformer en cancer. Un suivi est donc fondamental pour prévenir tout problème.
Le risque principal sur le long terme après une sleeve gastrectomie est la reprise de poids.
Il arrive que certains patients ayant suffisamment maigri et atteint leur objectif arrêtent tout suivi et reprennent leurs défauts alimentaires. L’estomac peut alors se dilater au point de retrouver un volume quasiment normal.
Un suivi nutritionnel est donc indispensable pour prévenir ce risque, ainsi que l’éviction de toute boisson gazeuse.
En moyenne, il faut compter une heure pour la réalisation de cette intervention. Il peut arriver que l’intervention dure plus longtemps en cas d’antécédent d’intervention abdominale (adhérences) ou de forte obésité.
Le plus souvent, il s’agit d’une hospitalisation courte, de deux ou trois jours, en fonction des douleurs et du confort alimentaire. Il est possible sous certaines conditions de réaliser cette intervention en ambulatoire (hospitalisation de moins de 12 heures).
Il possible de reprendre les boissons le soir de l’intervention. Le lendemain, on autorise une alimentation pâteuse fluide (yaourts, compotes, soupes sans morceau). Personnellement, je demande que ce régime soit poursuivi pendant 15 jours. Au bout de ces deux semaines, j’autorise la ré introduction des purées de légumes, du poisson, des oeufs. Enfin au bout d’un mois, après la consultation de contrôle, les morceaux sont progressivement ré introduits. En cas de mauvaise tolérance, il est possible de revenir en arrière quelques jours.
Il est très important de boire suffisamment. La taille de l’estomac restant empêche d’absorber de grandes quantités d’eau. Il convient donc de boire fréquemment des petites quantités, lentement (à la paille).
Le plus simple est de regarder la couleur des urines. Elles doivent être claires ! Trop foncées, il faut augmenter la fréquence des gorgées.
Attention en cas de fortes chaleurs, n’attendez pas d’avoir soif car il sera très difficile d’étancher la soif !
Certains patients ont du mal à boire de l’eau nature. Il est possible de rajouter un sirop sans sucre, un jus d’agrume… ainsi que de varier la température des boissons (chez certains patients, l’eau tiède passe mieux, ou l’eau fraîche…)
Bien sûr ! Dès le lendemain, en évitant de frotter les cicatrices, de rester longtemps sous l’eau et en séchant la peau par tamponnement doux.
Les bains sont déconseillés jusqu’à cicatrisation complète des plaies, soit 2 semaines.
Il n’y a habituellement pas besoin de pansement. Les fils sont le plus souvent résorbables et sous la peau, donc invisibles.
Il faut attendre la cicatrisation des muscles, soit 1 mois. Passé ce délai, il est possible de reprendre une activité physique, progressive et adaptée à votre poids. La piscine reste idéale car les articulations ne sont pas soumises à la pression.
En revanche, vous pouvez et devez marcher dès la sortie de l’hospitalisation ! (cela diminue le risque de phlébites…)
Vous pouvez vous faire aider par un coach sportif, il saura vous conseiller !
On s’en rend compte facilement. Il apparait assez rapidement de fortes douleurs dans le creux épigastrique, sous les côtes à gauche, avec parfois une irradiation dans le dos ou l’épaule puis survient la fièvre. Parfois c’est l’apparition brutale d’une intolérance digestive (impossibilité de s’alimenter avec vomissements). Dans tous les cas il faut consulter votre chirurgien ou se rendre aux urgences de l’établissement où vous avez été opéré.
Il est impossible de répondre à cette question ! La réponse dépend de plusieurs facteurs ! Dans tous les cas, vous avez un rôle important à jouer pour obtenir un bon résultat.
Ce que l’on observe habituellement, c’est une perte de 8 à 12 kg le premier mois, puis un ralentissement à 4 ou 5 kg par mois jusqu’au ralentissement terminal qui annonce la stabilisation.
Pas d’inquiétude, c’est un phénomène fréquent ! il résulte de la perte rapide de poids. Les calvities sont heureusement rares et les cheveux repousseront lors de la stabilisation. Votre médecin nutritionniste vous conseillera un traitement pour atténuer la chute des cheveux.
Il y a là aussi plusieurs facteurs qui vont intervenir ; le poids initial (plus il est important plus le risque est grand d’avoir un excès de peau résiduel), l’âge, le sexe, la présence de vergeture (fibres élastiques cassées…)
Lors de la phase d’amaigrissement, on vous conseillera le port d’une gaine faite sur mesure, afin d’atténuer le phénomène et de conserver une silhouette satisfaisante (et un certain confort).
Le sport permet de retendre un peu la peau du fait de la présence des muscles en dessous.
Enfin si malgré tout il existe un excès cutané important, il peut y avoir une indication de chirurgie réparatrice (idéalement après deux ans post opératoires). Le chirurgien plasticien vous expliquera les critères pour une prise en charge.
Il est tout à fait possible d’avoir des enfants après ce type de chirurgie. C’est même une indication de prise en charge de l’obésité (infertilité due à l’obésité).
En revanche il ne faut pas débuter une grossesse avant un an et demi après la réalisation d’une sleeve. Il faut donc avoir une contraception efficace pendant cette période.